Ma journée dans le Nord de Paris

Je suis née dans le 15è, je vis dans le 92 et travaille dans le 78.

Je brunche au Fumoir, prends l'apéro à l'Hôtel d'Oscar Wilde, dîne au Boudoir, chante chez Régine, drague au Globo et danse au Showcase.

Quand Claire L. (assistante de Nicolas U.) a proposé un brunch dominical printannier au Glaz'art, cela m'a paru une très bonne idée.

Puisque tout mon petit monde de la scène rock branchée parisienne y serait, je me devais d'y être.

J'entraînais tout de même mes amis Michel Miko et Julien dans le monde des bobos, ces faux hippies parisiens habitués, comme moi, aux soirées paillettées, listées, dress codées, mais qui ne l'assument pas et vivent dans le 19è, le 20è ou le 93.. parce qu'ils ont une conscience politique.

Après avoir garé la golf cabriolet de Michel avenue de Flandre, nous dûmes entamer une marche de 5 minutes pour arriver Porte de la Villette... 5 minutes de sueurs froides pendant lesquelles nous rencontrâmes des skinheads, qui selon Michel (qui fut punk à Rueil Malmaison dans sa jeunesse), portaient un macaron sur leurs bombers indiquant qu'ils étaient de gentils skinheads non racistes...ouf! 

Nous aperçûmes enfin le Glaz'art. Il y avait du monde devant, je crus donc en toute logique que c'était la queue pour le brunch, des invités qui attendaient qu'on leur demande si ils étaient sur la liste. Mais en me rapprochant, je me rendis compte qu'il s'agissait en fait d'autochtones, qui attendaient je ne sais quoi (l'ouverture de la préfecture peut-être...). L'entrée du brunch était en fait un peu plus loin. Un peu décontenancée par toutes ces rencontres, je retrouvais Julien, aussi angoissé que moi, d'autant plus qu'il avait du nous attendre de longues et dangereuses minutes dehors, muni de ses chaussures vernies et de son sac Thierry Mugler, et avait du abandonner sa voiture dans un endroit, selon lui, peu sûr.

A l'entrée, nous fûmes accueillis par le sosie de Soan de la Nouvelle Star (boucle d'oreille en bois, jupe pour homme façon hippie by Jean-Paul Gaultier...). Ce jeune garçon, musclé et tatoué, était d'ailleurs tout à fait à mon goût... Si c'est ça être de gauche, je veux bien tenter l'expérience! 

Arrivés sur la terrasse du Glaz'art, nous retrouvions des repères : une jolie tente qui nous abritait de la pluie, de vraies nappes en tissu sur les tables, l'hospitalité de Claire L. et ses amies, la présence d'Emma Daumas, de BB Danger (ex-Native) et de Kristov de la Nouvelle Star 2008... un peu de Sud Ouest dans le Nord.

Victime du succès de son brunch, la charmante Claire L. était un peu dépassée par les événements et nous dûmes attendre assez longtemps avant de pouvoir nous restaurer, mais l'ambiance étant conviviale, nous avons tout de même passé un très bon moment.

Après déjeuner, Michel partit et pour Julien et moi, l'après-midi se pousuivit en musique avec un jam très sympa (Astings, Kristov, The Burning Jacks...) et des concerts, dont celui de Brigitte, un groupe de filles, qui chantent des chansons de filles... et moi j'adore!

Enchantés par cet après-midi, nous avions totalement oublié que nous étions dans le Nord de Paris... jusqu'à ce que l'on sorte reprendre sa voiture, qui avait été amputée de ses 2 feux anti-brouillards. Nous prîmes alors une décision surprenante : ce ne sont pas des voleurs de phares qui vont nous empêcher de nous amuser, aujourd'hui nous investissons le Nord, et même pas peur, nous allons enchaîner avec la Bellevilloise, café associatif dans le 20è!

Arrivés près du Père Lachaise, nous dûmes tout de même passer un coup de fil à un ami pour qu'il puisse regarder sur Internet et nous indique le chemin, car nous, dans le Nord... et ben on est perdus!  Bref, après 3 coups de fil et 2 arrêts pour regarder le plan, nous arrivâmes enfin à la Bellevilloise.¨

Pas de physios à l'entrée pour nous prémunir du danger, mais nous sommes courageux et avons fait une longue route donc pas question de reculer.

Agréablement surpris, nous découvrîmes un lieu magnifique, avec plusieurs salles, des mezzanines, des terrasses... Je décidais donc d'être concilliante, de passer sur la déco, faite de photos de poubelles et de magasins Tati, et je me laissai même tenter par un dîner aux couleurs Sud Américaines... Il faut dire que le brunch m'avait un peu laissée sur ma faim. Pour moi, ce sera Lomo Saltado! Je m'attendais à une grosse salade épicée au boeuf et aux légumes et quand le plat arriva... ce fut comme prévu... divisé par 4! Toujours concilliante, je me dis que les bobos étaient peut-être anorexiques par solidarité avec les enfants du Tiers-Monde...

Je complétai donc mon dîner par un dessert, le seul proposé, un quinoa au lait (sorte de riz au lait pour bobo). Heureusement que j'avais mangé un hamburger au foie gras la veille au Boudoir, sinon je pense que je me serais évanouie.

Mes limites étaient déjà presque atteintes lorsqu'un drame se produisit : une projection sur écran géant d'un "film". En fait, il s'agissait d'un plan fixe d'un homme qui tapait sur un bout de bois avec pour bande son un commentaire sur les conditions de vie au Pérou. Alors moi qui suis journaliste et qui rêve de faire des documentaires, je suis totalement scandalisée par ce genre de document audiovisuel, qui n'est pour moi que masturbation intellectuelle à caution humanitaire érigé comme de l'art. Lorsqu'une serveuse est venu nous demander de parler moins fort pour mieux entendre "l'oeuvre", c'en était trop. 

Nous repartîmes alors dans la banlieue sud plus confortés que jamais dans l'idée que notre vie, qui a peut-être l'air superficiel, est mieux que la leur... Au moins, nous, on assume!